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Le royaume de Bagatelle

7 décembre 2008

Bonjour chers visiteurs, Prenez garde, car vous

DSC04913Bonjour chers visiteurs,

Prenez garde, car vous pénétrez le royaume de Bagatelle, célèbre pour la beauté de ses jardins, pour les excentricités de roi Lofteur, pour l'ingéniosité de la petite princesse Haidee, et pour les péripéties qui s'y passent.
Quiconque entre dans ce royaume en ressort les yeux papillonnants ! Vous êtes prévenus...

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7 décembre 2008

1. Haidee et le sable brun

DSC04911         Au château de Bagatelle, la vie n'est jamais sans surprise. Le règne du roi Lofteur est une grande récréation. Tout ce qu'il décide, tout ce qu'il dirige naît d'idées fabuleuses et farfelues. Et ses sujets ne se lassent jamais des histoires rocambolesques qui se racontent dans le château.

 L'année dernière, le roi Lofteur avait décidé qu'il ne mangerait plus rien tant qu'on ne lui aurait pas rapporté du sable sucré, de la couleur d'un charbon de bois. Le royaume entier était très embarrassé devant cette étrange énigme. Cependant, les cuisinières essayèrent d'y répondre en échafaudant des recettes à base de sable et de sucre, de sucre et de charbon. Mais le roi Lofteur refusait catégoriquement ce qu'elles lui présentaient, prétextant que c'était immangeable.

 Hélas, plusieurs jours suivirent et le roi s'obstinait à ne rien avaler. L'entêtement du roi Lofteur était légendaire, et chacun savait qu'il était capable de se laisser mourir si son souhait n'était pas exaucé. La peur envahit tous les coeurs. Mais celui qui souffrait le plus, c'était celui de Haidee, la petite princesse. Elle tentait vainement de raisonner son père, mais rien n'y faisait.

 Désespérée, Haidee décida d'aller consulter Nesecan, le fantôme des cheminées. Il avait la réputation de connaître beaucoup de secrets, mais on disait aussi qu'il était très difficile à trouver. Mais c'était sans compter l'obstination de la petite princesse, digne fille de son père. Elle entreprit alors de visiter chacune des innombrables pièces du château jusqu'à ce qu'elle sache où trouver ce curieux sable brun. 

 Sans l'ombre d'une hésitation, sans l'ombre d'un découragement, Haidee poussait les portes les unes après les autres. Mais aucune des cheminées qu'elle examinait n'abritait Nesecan. N'importe quelle petite fille aurait abandonné. Et il est vrai que la princesse sentait la fatigue et le désespoir l'envahir. Elle avait à peine visité les deux premiers étages, et il lui en restait au moins trois, sans compter les nombreuses dépendances dans le parc du château. Nesecan pouvait être n'importe où ! Néanmoins, la petite princesse ne se laissa pas abattre et poursuivit sa quête.

 Haidee se faufila dans la salle de couture. Mais au lieu de s'avancer jusqu'à la cheminée, la petite princesse s'arrêta devant un miroir. Elle n'en avait jamais vu de semblable. En effet, aucune image ne s'y reflétait, le visage même de Haidee restait invisible. Seulement, à la surface du miroir, elle pouvait apercevoir un petit paon rose qui battait des ailes. La petite princesse scruta la pièce mais ne vit aucun oiseau. Le petit paon était prisonnier derrière le miroir. Haidee aurait volontiers cherché à l'en sortir, mais son temps était compté. Elle abandonna le petit paon en se promettant de revenir, et reprit son chemin.

 Elle s'introduisit ensuite dans le débarras du jardinier. La cheminée était vide, mais le regard d'Haidee fut attiré par deux jolies malles posées l'une sur l'autre, au pied de la fenêtre. La petite princesse s'assura de ne pas être surveillée, et ouvrit délicatement la plus petite. Elle découvrit un petit fagot de bois qui protégeait une minuscule flamme dans son milieu. Mais un bruit venu de nulle part fit sursauter Haidee, elle s'échappa rapidement pour continuer à explorer le château.

DSC04911         La nuit commençait à tomber, et la petite princesse pensait avoir visité le château dans ses moindres recoins. La déception lui fit monter les larmes aux yeux, lorsque soudain elle vit apparaître comme par magie devant elle une magnifique porte en bois. Avec une légère méfiance, Haidee l'ouvrit et tomba nez à nez avec Nesecan. Le fantôme flottait patiemment dans le vide. Émerveillée, la petite princesse voulut expliquer sa venue, mais d'un coup sec de la main, Nesecan l'interrompit :

 - Je t'attendais, Haidee. Je comprends qu'il faille céder au caprice de ton père, et je vais t'aider. Tu trouveras le sable sucré sur la plaine des Moulins. Un des moulins produit ce précieux ingrédient. Alors, si tu n'as pas peur du noir, à toi de le trouver !

 Et sur cette dernière recommandation, Nesecan disparut dans un tapis de cendre. Haidee prit le temps de réfléchir. Elle savait que les paroles de Nesecan était à prendre très au sérieux, même le plus futile détail. La petite princesse ne pouvait entreprendre l'aventure sans trouver une solide source de lumière. Ni une ni deux, elle s'élança vers le débarras du jardinier, rouvrit la malle, et se saisit doucement du fagot enflammé. Sa main ne ressentait aucune brûlure.

  Comment allait-elle maintenant atteindre la plaine des Moulins ? Elle n'y arriverait jamais à temps puisqu'elle était à au moins trois jours de marche. Ni une ni deux, Haidee se précipita dans la salle de couture et se retrouva à nouveau devant l'étrange miroir. Sans hésiter, elle y plongea la main et attrapa délicatement le petit paon. En le sortant du miroir, l'oiseau grandit si bien que la petite princesse pouvait montait sur son dos. Haidee était fin prête pour s'envoler.

 Le paon la conduisit vers la plaine des Moulins et l'y déposa. Sans attendre, Haidee entreprit de visiter chaque moulin les uns après les autres. Il y faisait très sombre, et la petite princesse appréciait la petite flamme infatigable de son fagot. Elle pénétra un moulin et, immédiatement, sut qu'elle était tombée juste. L'odeur qui imprégnait la pièce était différente de celles qu'elle avait auparavant senties. La petite princesse transperça un gros sac, et son regard s'extasia devant le sable brun qui s'écoulait à ses pieds. Elle le goûta du bout de la langue et reconnut aussitôt la douceur du sucre.

 Elle s'empressa de remonter sur le paon pour rentrer victorieusement au château. 

 Depuis ce jour où le roi Lofteur savoura cet inestimable arôme, il décréta que tous ses sujets devaient le mélanger à du lait et en boire un verre tous les matins. Il l'appela le chocolat.

7 décembre 2008

2. Haidee et les petits poissons

DSC04913         Le château de Bagatelle est bien connu pour les frasques du roi Lofteur. L'on a de cesse de se les murmurer à l'oreille, et le peuple s'en amuse allègrement. Mais ce que les gens ne savent pas, c'est que sans la petite Haidee, le royaume courrerait à la catastrophe ! Les caprices de son père sont à surveiller de très près, Haidee en sait quelque chose.

 

 La semaine dernière, le royaume était en effervescence. Il accueillait pour la première fois la princesse Camilla, belle héritière du royaume des Libellules. Cette dernière venait rendre visite au roi Lofteur son voisin pour parler de leurs frontières. La rencontre devait être amicale, certes, mais extrêmement sérieuse. Et Haidee appréhendait ce rendez-vous, car elle doutait que son père ne le prenne à la légère. Et elle avait raison de s'en inquiéter.

 L'arrivée de Camilla fut un éblouissant spectacle pour ceux qui réussirent à la voir. Tout le monde s'était retrouvé sur les bords de la rivière Lenis pour admirer la procession. Une petite chaise porteuse voguait dans les flots, conduite par six poissons aux couleurs vives. Camilla sortait de temps en temps de la fenêtre une main pour saluer la foule. La petite chaise accosta au ponton du château où le roi attendait la princesse libellule.

 Et tout se déroula parfaitement. Haidee surveillait discrètement son père, mais ce dernier se tenait correctement. Il semblait même prendre plaisir à jouer au roi courtois et responsable. Rassurée, Haidee baissa sa vigilance et rejoignit ses amis pour profiter de la fête organisée au palais.

 Mais au moment d'aller se coucher, alors qu'Haidee s'apprêtait à souhaiter une bonne nuit à son père, la petite princesse surprit une conversation entre le roi et son chef-cuisinier. Il était question de cuisiner les petits poissons de la princesse Camilla. Le roi Lofteur avait son estomac tout retourné depuis qu'il les avait vus dans la rivière, si frais, si délicats Et il suppliait son cuisinier de les préparer en de croustillants macarons. Haidee était horrifiée par ce qu'elle entendait. Le caprice de son père pourrait mettre en péril l'entente des deux royaumes. Il était du devoir de la petite princesse de trouver une solution.

 Ni une ni deux, Haidee courut au ponton. Elle raconta aux gardes qu'elle était chargée de nourrir les petits poissons. Elle attrapa le filet dans lesquels ces derniers se reposaient, et le glissa dans un seau rempli d'eau de la rivière. Elle emmena ses protégés dans sa chambre, leur fit une jolie piscine dans sa baignoire, et ferma la porte à clé derrière elle.

 Une fois les petits poissons bien cachés, Haidee alla dans la cuisine où elle trouva le chef-cuisinier, acharné à faire les cent pas. La petite princesse devina qu'il n'était pas en accord avec la mission que lui avait confiée le roi. Quand il se retourna face à Haidee, cette dernière remarqua ses yeux humides et voulut aussitôt le soulager :

DSC04913         " Écoute, Paulalai, je sais ce qui te ronge et je vais t'aider. Je connais mon père. Ce qui aguiche son appétit, ce sont les séduisantes couleurs des petits poissons. Cuisine n'importe quel poisson et arrange-toi pour donner à tes macarons des couleurs vives et alléchantes. Et je t'assure que le roi ne sentira aucune différence."

 Paulalai retrouva le sourire. Et la petite princesse ne se fit pas prier pour l'aider à réaliser ces fameux macarons, ceux-là même qui sauveraient son royaume.

 Le lendemain, le roi Lofteur se vit servir un plat gigantesque enluminé de mille couleurs. Mais il en mangea tant que son estomac ne cessa de se plaindre pendant plusieurs jours. Il se promit bien de ne plus jamais en manger, même s'il était très satisfait d'y avoir goûté. Cloué au lit, il ne put assister au départ de la princesse Camilla. Haidee ne pouvait qu'en être soulagée, car comment expliquer à son père la présence des petits poissons dans le cortège de la princesse ?

7 décembre 2008

3. Lofteur et Erminia

DSC04916Parmi toutes les histoires qui circulent sur le royaume de Bagatelle, il y en a une qui suscite beaucoup d'admiration. C'est celle qui raconte la naissance du royaume. En effet, Bagatelle n'a pas toujours existé. Autrefois, c'était une plaine sauvage et magnifique, encerclée par une rivière infranchissable. Pendant des siècles et des siècles, elle fut le rêve de bien des hommes, des rois, des chevaliers, des géants, mais jamais personne n'était parvenu à traverser la rivière.

 Qui eut cru que celui qui ouvrirait le voile sur tant de mystère serait un lutin ? Lofteur n'avait jamais eu l'idée d'agrandir son royaume, une jolie cabane en haut d'un arbre. Mais il ignorait que son destin lui avait réservé un bel avenir...

 Le petit lutin malicieux adorait jouer des tours aux humains peu méfiants. Un des ses passe-temps favoris consistait à égarer les voyageurs en modifiant le paysage. Il prenait aussi un malin plaisir à voler des chevaux et des poneys la nuit venue et à les faire courir, de sorte que leur propriétaire les retrouvait épuisés et la crinière emmêlée le lendemain matin. Mais, de nature joviale, Lofteur pouvait être également très utile et serviable.

 Il était donc loin d'imaginer qu'il rencontrerait un jour une déva. Les dévas étaient des fées de l'air, plutôt secrètes. Elles résidaient dans un univers mystique situé à mi-chemin entre le monde matériel et le monde spirituel, au royaume intermédiaire. C'étaient des créatures pures, dont le corps translucide brillait de mille feux. Elles dégageaient une énergie restituée dans le mouvement de leurs ailes et de leur chevelure. Elles pouvaient prendre n'importe quelle apparence et avaient pour mission de faire pousser les plantes.

 Les dévas s'aventuraient rarement près des humains. Aussi Erminia, descendue surveiller les fraises dont elle avait la protection, fut-elle surprise de découvrir un petit lutin qui arrosait ses fruits. Elle le regarda timidement, et sourit lorsque Lofteur glissa une fraise dans sa bouche. Ses yeux exprimaient toute la douceur qu'il ressentait à son goût sucré, et Erminia se sentit attendrie. Elle s'approcha de lui, et le fit sursauter. Lofteur, reconnaissant la déva, bredouilla quelques excuses, mais Erminia ria de plus belle :

 " Si tu prends autant de plaisir pour chacune de tes bouchées, manges-en tant que tu veux. "

 Devant cette cordiale invitation, Lofteur cueillit encore quelques fraises, et vint les offrir à Erminia :

DSC04916         " Gentille fée des airs, voulez-vous les partager avec moi ?

 - Mais je n'en ai pas le droit ! Je dois m'en occuper pour qu'elles soient appétissantes à vos yeux, pas aux miens.

 - Vous voulez dire que vous n'y avez jamais goûté ?

 - Non, jamais. "

 Lofteur était bien triste. Mais sa bienveillance lui donna une idée :

 " Aujourd'hui, c'est moi qui les ais arrosées. Je l'ai fait, non pas pour moi, mais pour vous. Vous ne pouvez pas refuser... "

 Erminia accorda à Lofteur que sa proposition était recevable. Et ensemble, ils se délectèrent à grignoter les fraises. Lofteur raconta son existence de lutin et fit beaucoup rire la déva. Erminia lui révéla quelques secrets de la vie des airs. Les deux êtres féeriques se plurent beaucoup et, à la fin de la journée, Erminia promit de revenir.

 De retour dans son royaume, Erminia alla confier ses sentiments nouveaux à sa mère, la reine des dévas. Cette dernière ne désavoua pas cet amour, au contraire. Elle savait que les lutins étaient d'une nature bienfaisante. Mais elle savait aussi que sa fille devait épouser un être de sang royal. L'émoi d'Erminia était sincère et sa mère décida d'user d'un peu de magie :

 " Si tu es sûre de toi, et si ton prétendant accepte, je lui offre un royaume. Ainsi il sera roi et tu pourras l'épouser. Tu deviendras sa reine, mais tu resteras déva. Tu ne devras jamais oublier les devoirs qui t'attachent à tes deux royaumes.

DSC04916         - Merci, mère. "

 C'est ainsi que Lofteur devint roi de Bagatelle, et prit pour femme Erminia. La rivière offrit désormais un passage à toutes les bonnes âmes qui voulaient peupler cette nouvelle terre accueillante, pleine de promesse.

 Bagatelle devint le lieu de légende que l'on connaît aujourd'hui. Et c'est dans cette euphorie que naquit la petite Haidee.

7 décembre 2008

4. L'anniversaire d'Haidee

DSC04921         Lorsque l'été arrive, lorsque les fraises se mettent à pousser partout au bord de la rivière Lenis, il règne à Bagatelle un air de fête. D'année en année, le roi Lofteur rivalise d'ingéniosité pour célébrer l'anniversaire de sa petite princesse. 

 

 C'était donc avec beaucoup de plaisir que la petite Haidee sortit de son lit ce matin-là. Elle mit sa plus belle robe, coiffa ses cheveux avec des rubans de fleurs, et se précipita au chevet de son père. Quelle consternation de découvrir le lit royal vide ! Elle arpenta le château, et son cœur s'alourdit en ne distinguant aucune trace de fête. Aucun serpentin, ni ballons, ni paillettes. Elle se demanda même si elle n'était pas en plein cauchemar et si elle allait bientôt se réveiller. Mais la réalité était bien là, on avait oublié son anniversaire !

 Elle retourna tristement dans sa chambre et s'accouda à la fenêtre. Un grand soleil voilait le ciel, mais ne réussissait pas à réchauffer le cœur de la petite princesse. C'est alors qu'elle remarqua deux petites fées sur la branche d'un arbre, en pleine conversation :

 " Quelque chose se prépare dans le parc de Bagatelle, j'ai vu tout à l'heure... "

 Haidee ne put s'empêcher de l'interrompre :

 " Qu'as-tu vu ? Dis-moi, s'il te plaît ! "

 Mais aussitôt, les petites fées s'enfuirent. Tout cela était bien étrange. Très intriguée, la petite princesse décida d'explorer le parc. Elle fouilla quelques buissons, alla au jardin des oiseaux. Elle s'arrêta devant le bain des moineaux et elle vit une flèche, dessinée avec des fleurs, qui flottait dans l'eau. C'était inaccoutumé. Elle suivit alors le chemin qu'indiquaient les fleurs.

DSC04921         Haidee marcha quelques temps, mais ses pas semblaient la mener nulle part. Elle était découragée. Elle ne savait même pas ce qu'elle cherchait !

 " Tu n'as pas besoin de savoir ce que tu cherches ! Il suffit de savoir où tu vas... "

 Haidee leva la tête, ignorant d'où pouvait venir cette voix obscurcie par le vent. Son regard s'arrêta sur la girouette qui dominait le château. Cette dernière fit un tour sur elle-même et s'immobilisa, le bec vers la clairière Sejiane. Ni une ni deux, la petite princesse emprunta la direction de la clairière. Mais elle n’en connaissait pas bien le chemin, et elle avait peur de se perdre.

 " Ne t'inquiète pas, petite Haidee. Nous connaissons très bien le chemin, et nous nous ferons une joie de t'escorter. "

 Haidee baissa la tête et découvrit trois gros escargots. Le premier avait la coque dorée, et il invita la petite princesse à les suivre patiemment. Elle comprit alors ce qui se passait. C'était son père qui avait du manigancer toute cette mise en scène pour son anniversaire. Depuis le début, les petits êtres magiques étaient tous complices, elle en était sûre.

 La petite procession arriva bientôt devant la clairière. Mais celle-ci était vide, personne ne semblait l'y attendre. Elle aperçut tout de même un étrange épouvantail à l'orée du bois, et la petite princesse se dirigea vers lui, certaine qu'elle trouverait un nouvel indice :

 " Que dit le hibou à sa femme le jour de son anniversaire ? "

 La devinette fit sourire la petite princesse. C'était la préférée du roi Lofteur. Haidee répondit alors avec assurance :

DSC04921         " Je te chouette un bon anniversaire ! "

 Sous l’effet de la bonne réponse, l'épouvantail rendit son apparence au roi Lofteur. Il sauta de joie et enlaça sa petite fille. Il la fit se retourner, et le spectacle qu'il offrit à Haidee dépassa tout ce que la petite princesse aurait pu imaginer. Devant elle se dressait une magnifique montgolfière prête à s'envoler. Mais ce qui ravit son cœur, ce fut de voir sa mère debout dans la nacelle l'invitant à la rejoindre.

 Des larmes de joie coulaient sur les joues d'Haidee. Elle était la plus heureuse des petites filles. Une promenade dans les cieux avec ses parents dépassait ses vœux les plus chers.

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7 décembre 2008

5. Haidee sauve la rivière

DSC04928         Décrire le royaume de Bagatelle n'est pas chose aisée. C'est un lieu qui regorge de beauté et d'excentricité. Entouré par la rivière Lenis, on y retrouve l'exotisme d'une île sauvage. Les fleurs poussent par milliers, protégées du vent par une petite colline, et leur odeur vagabonde partout.

 

 Haidee adore se promener aux abords de

la Lenis. Il

y fait frais et, après une matinée bien chargée, elle aime s'allonger dans l'herbe et contempler les nuages. 

 Aujourd'hui justement, la petite princesse paresse au soleil. Elle somnole tranquillement et s'apprête à s'endormir lorsqu'elle perçoit un étrange murmure. Elle observe attentivement les alentours mais rien n'arrête son regard. Pourtant, le bruit persiste. La petite princesse tend l'oreille et finit par découvrir d'où vient le bruit. Au milieu de la rivière flotte une petite bouée-phare qui guide les bateaux la nuit. Et ce sont les gardiennes du phare, les trois Nijipans, qui poussent de petits cris à l'intention d'Haidee. La petite princesse comprend vite qu'elles ont besoin d'aide.

 Ni une ni deux, elle s'en va quérir Aixe, le lézard pêcheur. Ce dernier, bon compagnon de la petite princesse, se hâte d'amarrer son bateau pour rejoindre les Nijipans. Il revient rapidement vers Haidee, tout affolé :

 " Un grand malheur, princesse ! C'est un grand malheur ! Le phare ne fonctionne plus, les lumières ne s'allument plus ! Que va-t-on devenir ? "

 Haidee est surprise par l'inquiétude qu'elle perçoit dans la voix d'Aixe. De taille humaine, elle ne se rend certainement pas compte du danger que représente cet incident. Mais Aixe est encore dans tous ces états :

 " Des dizaines de bateaux passent par là de jour comme de nuit ! Si le phare ne marche plus, qui donc va les avertir de la présence des rochers ? On court à la catastrophe !

 - Attends, Aixe. Calme-toi. Si c'est si important pour toi, je vais résoudre la problème. "

DSC04928         Douée d'une vive imagination, Haidee ne tarde pas à trouver une solution. En courant vers le château, elle lance à Aixe :

 " Prépare ton bateau, je reviens tout de suite ! "

 Et en effet, quelques minutes plus tard, la petite princesse arrive avec un panier rempli de bougies. Elle les dépose délicatement dans le petit bateau d'Aixe :

 " Voilà des bougies qui guideront vos petits navires le temps que l'on répare le phare. "

 

 Depuis, les Nijipans n'ont jamais réclamé que l'on vienne réparer le phare. La rivière est si belle lorsque, la nuit venue, elle s'éclaire par cette petite pyramide de flammes !

7 décembre 2008

6. Haidee et le chat de bois

DSC04931Le royaume de Bagatelle n'est pas bien grand. C'est une plaine qui fait davantage penser à un grand jardin plutôt qu'à un vaste domaine. Certes, pour une petite fille comme Haidee, ce royaume peut paraître immense. Mais son regard s'attarde souvent au-delà de la rivière Lenis, là où les arbres se perdent à l'horizon. C'est pourquoi elle adore écouter les histoires des voyageurs. Elle s'imagine des mondes et des êtres différents et pourtant si attirants.

 

 Aujourd'hui, un cercle d'enfants s'est formé autour de Taliana, un chat de bois de retour de voyage. Haidee s'est jointe à eux et écoute attentivement son récit :

 " C'est alors que j'ai rencontré Dajana. Un papillon d'une telle beauté qu'il est impossible de la décrire avec des mots humains. Elle est fragile comme le cristal, lumineuse comme un rubis, douce comme de la soie. Je l'ai vue pour la première fois enfermée dans la cage d'un vilain marchand de papillon. Son regard m'a renversé et je n'ai pas hésité à la délivrer. La tâche était périlleuse car le marchand n'était pas un freluquet ! Mais vous savez, les enfants, comme un chat sait se montrer rusé ! J'ai acheté chez une vieille dame des bouts de tissus et des perles dans les couleurs de ma bien-aimée. J'ai soigneusement confectionné un papillon ressemblant comme deux gouttes d'eau à Dajana. Et j'ai attendu que le marchand s'endorme pour lui voler sa clef et faire l'échange. Je vous mentirais si je vous disais que je n'ai pas tremblé. Mais la peur n'est rien face à l'amour et au bonheur que j'ai ressenti lorsque Dajana s'est délicatement posée sur ma patte."

 Taliana pousse un long soupir, le regard perdu dans ses pensées. Mais il se ressaisit et s'adresse à nouveau à l'assemblée :

 " Mes enfants, ne fuyez jamais l'amour ! Il est si beau et si éphémère qu'il faut apprécier tout ce qu'il vous donne ! Souvenez-vous toujours de cela !"

 Sur ce mot de la fin, le chat de bois s'éloigne brusquement des enfants. Mais il est vite rattrapé par Haidee :

 " Où est-elle ? Dajana ?

 - Jolie princesse. Tu n'es pas sans savoir que la vie d'un papillon, aussi beau soit-il, n'est pas éternelle. Jamais plus d'une semaine, hélas !

DSC04931         - Tu dois être triste ?

 - Je l'ai été. Mais j'ai été aimé par le plus beau papillon qui n'est jamais existé. Et cette seule pensée suffit à me réconforter le cœur. "

 Taliana regarde la petite princesse et sourit tendrement. Il sort de sa poche un petit coffret de bois et le tend à Haidee. Elle l'ouvre doucement et y découvre la belle Dajana. Même épinglée dans du velours, elle n'a rien perdu de son éclat, et la petite princesse est émerveillée. Elle relève la tête pour partager ce ravissement avec le chat de bois, mais Taliana est déjà parti. Il est parti vers d'autres aventures.

 Dans sa chambre, Haidee dépose le petit coffret sur sa commode. Il se retrouve à côté d'un renard empaillé, de petites poupées russes, d'une statuette et de bien d'autres souvenirs que des voyageurs lui ont confiés. La petite princesse n'a de cesse de se promener parmi eux et de se rappeler les belles histoires qu'ils racontent.

7 décembre 2008

7. Haidee et le flacon

DSC04933         Si le roi Lofteur est réputé pour son sens de la désorganisation, il n'en est pas de même pour la petite princesse. Haidee a hérité de sa mère le souci minutieux du rangement. Les murs de sa chambre sont pris d'assaut par des étagères et des centaines de boîtes. Chaque chose à sa place, voilà la devise de la petite princesse.

 

 Aussi, lorsque sa mère, la reine Erminia, lui demande de lui rapporter le petit flacon qu'elle lui a offert dernièrement, la petite princesse est-elle certaine de le lui ramener bien vite. Elle se souvient très bien du flacon. C'est une petite fiole de verre, avec de jolies dorures, qui conserve de l'essence de citron. Toutes ses huiles essentielles, tous ses parfums sont rangés dans de jolies boîtes peintes à la main.

 Hélas, lorsque Haidee ouvre l'une après l'autre les trois boîtes, elle reconnaît tous ses flacons, tous sauf un. Elle les sort tous et les regarde attentivement, mais aucun ne ressemble au flacon de citron. Ce n'est pas possible ! S'il n'est pas là, où peut-il bien être ? Elle parcourt du regard sa chambre, et au vu du nombre d'endroits où peut être caché son flacon, elle se sent désemparée. Mais pour rien au monde la petite princesse ne veut revenir bredouille auprès de sa mère.

 Elle fait appel à son courage, et essaie de réfléchir. Si le flacon n'est pas dans les boîtes au flacon, il est peut-être dans ses trousses de beauté. Ni une ni deux, Haidee se jette sur ses trousses. Elle y trouve vernis et pommades, baumes et poudres, mais pas de flacon. Peut-être la petite princesse l'a-t-elle oublié dans ses valises à accessoires ? Ni une ni deux, elle se précipite et les ouvre. Elle y trouve pinces et barrettes, foulards et colliers, mais toujours pas de flacon.

 Haidee est si désespérée qu'elle commence à tout ouvrir, caisses et cartons, coffrets et étuis, récipients et tirelires, tout y passe, mais toujours rien. Ni dans la boîte à musique, ni dans la boîte à cirage. C'est à croire que le flacon s'est volatilisé ! La pauvre petite princesse en a les larmes aux yeux. Un cadeau si précieux, comment a-t-elle pu l'égarer ?

 Assise sur son lit, Haidee étreint Guilhermine, sa peluche préférée. C'est toujours auprès d'elle qu'elle trouve du réconfort :

 " Si tu pouvais parler, ma petite Guilhermine, je suis sûre que tu me dirais où est le flacon... "

DSC04933         Haidee observe sa peluche, mais comme elle s'y attendait, elle ne reçoit aucune réponse :

 " Si je connaissais une formule ou une potion pour cela, je serais la plus heureuse des petites filles. Cela a bien marché la dernière fois, lorsque je t'ai mis sur les lèvres de l'essence de citron. Ton pelage a aussitôt retrouvé sa douceur et sa couleur d'origine. Pourquoi la magie ne te donnerait-elle pas la parole ? " 

 Ni une ni deux, Haidee réalise qu'elle vient de résoudre son problème ! Elle s'agenouille devant la maison de Guilhermine, une jolie maison en carton. Elle tend la main à l'intérieur et fouille. Elle ne tarde pas à en ressortir le précieux flacon. Elle s'en était servi il y a quelques jours pour soigner sa peluche, elle se souvient maintenant !

 Aussitôt la petite princesse se rend auprès de sa mère et lui montre fièrement sa trouvaille. La reine Erminia lui fait un joli clin d'œil et ajoute :

 " Chaque chose à sa place, n'est-ce pas ? "

7 décembre 2008

8. Haidee et le goûter des cousins

DSC04937         Le royaume de Bagatelle n'a pas besoin de jardinier. La reine Erminia entretient ses jardins avec ses doigts de fée. Les tonalités des fleurs éclatent de beauté, et les fruits ont un parfum et une saveur exceptionnels. La reine a appris à sa fille Haidee tous les secrets des plantes. Certes, la petite princesse n'a pas encore de pouvoirs féeriques, mais elle adore composer toutes sortes de parfums et de sirops avec les milliers de plantes qu'elle connaît.

 

 Aujourd'hui, la petite princesse reçoit tous ses cousins et cousines. Des dizaines et des dizaines de petits lutins et de petites fées sont attendus. Haidee est alors bien décidée à les surprendre en préparant des sirops délicieux. Elle en veut de toutes les couleurs, de tous les goûts. Elle en veut des doux et des piquants, des liquoreux et des légers, des sucrés et des salés. Elle veut de l'onctueux et du savoureux. Elle veut que l'on dise d'elle qu'elle est la reine des parfums.

 La petite princesse ne voit aucune prétention dans son projet. Et c'est avec beaucoup de patience et beaucoup de persévérance qu'elle s'enferme dans son petit laboratoire pour effectuer ses mélanges secrets.

 La petite princesse y passe une heure, deux heures, toute la matinée. La reine Erminia est surprise de ne pas voir sa fille. Ses cousins ne vont pas tarder et Haidee s'empresse habituellement de les accueillir. La reine frappe à la porte du laboratoire :

 " Haidee ? Que fais-tu ? Tes cousins vont arriver et tu n'es pas prête... "

 Tout doucement, la porte s'entrouvre et la reine Erminia aperçoit un bazard gigantesque dans la pièce et sa petite fille en larmes :

 " Que t'arrive-t-il, ma chérie ?

DSC04937         - C'est un désastre, maman ! Je n'ai réussi qu'à faire des sirops immondes, répugnants. Je n'ai rien à offrir à mes cousins, ils vont se moquer de moi !

 - Mais non, Haidee. Ne sois pas stupide ! Je sais, moi, de quoi tu es capable. Pourquoi t'entêtes-tu à faire l'impossible alors que tu connais la recette la plus délicieuse qui me fut donnée de goûter ? "

 A cette jolie déclaration, la reine Erminia ajoute un clin d’œil et s'en va :

 " Mais ne tarde pas trop ! "

 Sa mère a raison ! Il y a bien longtemps, sa marraine, la déva des vignes, lui a donné la recette du Gines, une boisson à base de raisin et de miel. Haidee l'avait essayée et elle se souvient du ravissement de son père et de sa mère lorsqu'elle leur avait fait goûter.

 Ni une ni deux, la petite princesse retrouve la recette secrète, bien rangée dans son étui orné. Elle en confectionne rapidement et remplit un grand nombre de carafes. Elle arrange une belle table, avec nappe et verres multicolores. Elle dispose ses assiettes préférées, celles en porcelaine où les personnages dessinés dansent réellement. Elle découpe les gâteaux préparés par Paulalai.

DSC04937         La petite princesse jette un dernier regard sur la table avant de rejoindre sa mère sur le seuil du château. Rien ne sert de faire compliqué !

7 décembre 2008

9. La nouvelle déva

 Le royaume de Bagatelle a toujours été connu pour sa prospérité et sa tranquillité. Les gens s'y rendent parce qu'ils recherchent la paix, parce qu'ils sont amoureux de la nature. Le roi et la reine n'ont jamais jugé utile d'établir des lois. Chacun est libre de vivre comme bon lui semble, à partir du moment où il respecte ses voisins et la végétation. 

 

DSC04939         Mais, depuis peu, l'orage gronde au-dessus des jardins de Bagatelle. La reine Erminia présage un grand malheur. Et elle a raison de s'inquiéter. Au sommet de la plus haute tour du château, elle aperçoit au loin un nuage de poussière. Un groupe de cavaliers s'approche de plus en plus de la rivière Lenis. La reine Erminia sent la menace grandir. Elle a déjà entendu parler de ces mercenaires qui pillent sans relâche les royaumes et qui laissent de véritables ruines derrière eux.

 Le roi Lofteur a rejoint son épouse. D'un simple regard il comprend le danger qu'ils courent, et lui dit aussitôt :

 " Erminia, avec mes compagnons lutins, nous allons les ralentir un temps. Convoque ta mère, je suis sûr qu'ensemble, vous trouverez un moyen de les empêcher de nous nuire. "

 Le roi Lofteur est à peine parti que la reine Erminia s'envole pour retrouver sa mère, la reine des dévas :

 " Mère, j'ai besoin de tes conseils. Mon royaume sur terre est menacé. Je présage un grand malheur pour ma famille. Ne peux-tu pas m'aider ?

 - Si, ma fille. Je sais ce qu'il faut faire. "

 Là-dessus, la reine-mère se lève et se dirige vers le pupitre où est posé son grimoire. Elle feuillette quelques pages et trouve rapidement celle qui l'intéresse. Elle s'adresse aussitôt à sa fille :

 " Dix dévas du même sang, rassemblées au cœur de ton royaume, prononçant d'une même voix cette formule, sauveront ton royaume. C'est la seule solution. Toi et moi, cela en fait deux. Je vais convoquer tes sept sœurs, mais il nous manque une déva. Je ne vois pas qui d'autre pourrait se joindre à nous...

DSC04939         - Moi, je sais. Venez avec mes sœurs. Mon royaume sera préservé des abîmes pour toujours. "

 Quelques temps après, dix dévas forment un cercle au cœur de Bagatelle. La petite Haidee donne la main à sa mère et à sa grand-mère. Fièrement, elle entonne la formule et sa voix se mêle à celle des fées qui l'entourent. Alors, une immense barrière de lierre se lève au-delà de

la Lenis. Les

cavaliers, échappant vivement aux jets de pierre des lutins, s'arrêtent net devant le mur de feuilles. Ils tentent vainement de percer l'obstacle mais ne parviennent qu'à briser leurs plus solides épées.

 Le royaume de Bagatelle est sauvé ! Des cris de joie retentissent partout ! Mais la petite Haidee est la plus radieuse. Sa grand-mère s'agenouille devant elle et lui prend les mains :

 " Tu es bien jeune encore, ma petite Haidee. Mais ce que tu as fait à l'instant montre que tu es digne des dévas. Et désormais, si tu l'acceptes, je te nomme déva des fleurs de fraisiers. "

 La reine-mère enlace tendrement sa petite fille. Le royaume de Bagatelle a encore de beaux jours devant lui, et beaucoup d'histoires à vivre et à raconter...

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